[Cinéma] Le film de la semaine #37

Publié le par Yuuki

Le film de la semaine

Pour cette nouvelle semaine, voyageons dans le passé avec Yves Montand, mais attention, toujours en voiture... Mais trêve de bavardage, place au film de cette semaine, nous parlerons donc de...

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Grand Prix

 

Année : 1966 - Pays : USA - Durée : 179 mn - Réalisation : John Frankenheimer - Scénario : Robert Alan Aurthur - Casting : James Garner, Yves Montand, Toshirō Mifune , Antonio Sabàto, Brian Bedford, Jessica Walter, Eva Marie Saint, Françoise Hardy

~ Bande annonce ~

Grand Prix suit l'histoire, ou plutôts les histoires de quatre pilotes de F1 se disputant la victoire du championnat de 1966 sur des circuits désormais mythiques.

J'espère que vous ne vous lassez pas de la F1, parce que nous voici de retour sur les pistes !! Après un biopic et la brûlante combustion de Lauda sur le Nürburgring, après un documentaire incomplet sur le légendaire pilote brésilien Ayrton Senna, voici un film un peu moins récent. A la différence des deux autres, Grand Prix n'utilise pas de personnalités connues de la F1, même si ses personnages peuvent se rapprocher de certains pilotes ayant existé (et je ne suis absolument pas assez calée pour dire qui serait qui -mais c'est sur le net). Cependant, les quatre pilotes sont plus vrais que nature, avec chacun leur nationalité, leur personnalité, et avec tous la même rage de gagner.

Et puis, en dehors du fait que ce film s'inscrit dans ma période "essence et pneus", au casting il y a Toshiro Mifune et Yves Montand. Si j'ai déjà vu plusieurs fois le premier, je pensais n'avoir jamais vu de film avec Yves Montand, ce qui semble être un sacrilège d'après M Yuuki... ("Whaaaat, mais t'as jamais vu La folie des grandeurs ?!" . . . et bien non. Mais il se trouve que d'après internet, j'ai vu deux autres films dont je n'ai que peu de souvenirs et certainement pas celui d'avoir vu Yves Montand.) Donc voilà, vous savez tout, je ne connais pas Yves Montand. Mais je connais maintenant beaucoup mieux Jean-Pierre Sarti, le pilote qu'il incarne dans le film, français courant pour Ferrari et en course pour le championnat du monde de 1966.

Causons donc tout de suite du film, un film très long, qui fait presque 3h. J'ai eu du mal à le caser dans mon emploi du temps plus que chargé et je l'ai donc regardé à la manière d'un drama : en plusieurs fois ! Trois pour être exacte. Et ce fut une expérience réussie, l'attachement pour les personnages n'a pas faibli malgré ces arrêts dans le visionnage, pas plus que le suspence généré par l'intrigue globale, à savoir : qui va gagner ce championnat 1966 ? Si le thème du film est la course automobile et la vitesse, le film n'est pas vraiment rapide. Il déroule son histoire tranquillement course après course entrecoupé de romance un peu old school parfois un peu longuette.

Le film commence donc directement par une course automobile, sur le célèbre circuit de Monaco et nous découvrons alors nos quatre protagonistes. Jean-Pierre Sarti, le français et Nino Berlini, l'italien, tous deux sur Ferrari, l'américain Pete Aron et le britanique Scott Stoddard pour l'écurie Jordan-BRM. Monaco est un circuit que je ne saurais analyser comme un pilote mais qui, d'un point de vue de spectateur, se prête vraiment au spectacle. Les caméras embarquées dans les voitures des pilotes donnent une vraie sentation de vitesse, de danger et de suspense. Une voix off nous explique avec ironie que les pilotes n'ont en fait aucune imagination, car si il pouvaient imaginer en prenant le départ ce que serait un accident mortel pendant la course, aucun d'eux ne partirait. Pourtant ils partent tous, mais tous ne reviennent pas... Le premier moment clé du film se passe dans cette course, Pete Aron tarde à laisser le passage à son cohéquipier et c'est l'accrochage.

Le double accident est vraiment très très réaliste, et ce qui est choquant lorsqu'on voit ce film de nos jours, c'est la position du public pendant la course. La sécurité était alors un concept vraiment abstrait, et la foule n'est pas cantonnée derrière de solides barrières et une distance de sécurité mais tranquillement massée derrière des ballots de paille subtilement enveloppés dans des bannière publicitaires... une vision d'un autre temps. La suite du film montrera que la F1 des années 60 ne tuait effectivement pas que les pilotes pendant les courses... Les voitures de l'époque sont un véritable affront à la sécurité, et si elles vont vite, elles sont aussi solides qu'une boite d'allumettes et à peu près aussi inflammables. Quant aux circuits, ils ont été très peu entretenus depuis leur création ce qui en fait de mignonnes petites autoroutes vers la mort. En ce sens le film est une mine d'infos sur ce qui se faisait à l'époque, et qui fort heureusement ne se fait plus.

 

Il y a 6 courses au total dans le film : Monaco, Clermont-Ferrand, Spa (Belgique), Zandvoort (Hollande), Brands Hatch (Angleterre) et Monza (Italie). Mais Clermont et Zandvoort seront beaucoup moins mises en avant. Le climax du film se déroulant à Monza, dernière course pour le championnat avec nos quatres pilotes au coude à coude au niveau des points. La course de Monza ne dure pas moins de 20 minutes et la réalisation est assez fantastique, usant d'effet de séparation de l'écran pour developper à la fois les sentations de la course et les états d'âme des pilotes. En 1966, il était toujours d'usage d'utiliser le tristement célèbre banking du circuit de Monza (connu des connaisseurs, moi j'ai cherché hein), ce véritable défi centrifuge, cette piste inclinée (pouvant aller jusqu'à 80°) au revêtement discutable qui fût en cause dans de nombreux accidents mortels.

L'un des pilote de Grand Prix y fait allusion en disant qu'à cause de cette chaussée inégale, tout bouge dans la voiture, qu'à cette vitesse les suspentions ne suivent plus et qu'il n'y a qu'une chose à faire : Rouler. Rouler le plus vite possible et espérer très très fort que la voiture tienne le coup. Et nous aussi, on espère, on espère très fort pour ces personnages qu'on a appris à aimer pour leurs défauts attachants, pour leurs qualités de pilotes...

Je ne peux dévoiler l'issue de la course ni le résultat du championnat bien sûr, mais sachez que la fin est tout à fait réussie comme l'ensemble du film.

En bref, c'est un film assez long, déroulé comme une grande fresque suivant ses personnages pendant une saison entière de F1. Une saga qui dans ses scènes de courses automobiles est palpitante mais comporte également des scènes de la vie privée des pilotes qui sont assez inégales. Mais cela reste globalement un film puissant qui embarque le spectateur dans une compétition sans pitié, qui n'épargne personne et qui subtilement montre la solitude du pilote qui doit exister aussi en tant qu'homme en dehors des courses, lorsque que le public est parti et qu'il reste seul avec ses questions sans réponse...

 

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