[Cinéma] Le film de la semaine #30
Le film de la semaine
Pour cette nouvelle semaine, testons les limites de notre claustrophobie... Mais trêve de bavardage, place au film de cette semaine, nous parlerons donc de ...
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7:19
Année : 2016 - Pays : Mexique - Durée : 94 mn - Réalisation : Jorge Michel Grau - Scénario : Jorge Michel Grau, Alberto Chimal - Casting : Demian Bichir, Héctor Bonilla, Carmen Beato
~ Bande annonce ~
Mexico, 1985. Un immeuble de bureaux et quelques personnes qui y travaillent. Et soudain, à 7h19 tout pile, l'impensable se produit, le plus gros tremblement de terre subit par le pays. Le film suit une poignée de personnes coincées sous les décombres des neufs étages qui se sont éffondrés.
Je vous ai déjà dit que j'aimais les films catastrophe ? Sinon, et bien sachez-le, j'aime les films catastrophe. Mais celui-là est un peu particulier, vraiment particulier en réalité. Je ne sais pas trop si je l'ai aimé ou non, en tous cas il est à classer dans une catégorie à part.
En premier lieu, comme dans tout film catastrophe, il n'y a que peu de temps avant le désastre parce qu'il faut garder le temps de développer le reste. Nous avons donc le droit à 3~4 minutes pour nous familiariser avec à peine autant de personnages. Et c'est là que le film commence à montrer un point de vue un peu différent des autres. A savoir que nous ne voyons absolument rien de l’extérieur, le spectateur vit la catastrophe exactement comme les personnages. Passé l'écran noir qui représente les effets du tremblement de terre, que nous identifierons en même temps que les gens comme l'effondrement du bâtiment, il n'y aura jamais de plan extérieur. Il n'y aura jamais de plan survolant des étendues urbaines dévastées, des décombres à perte de vue, le spectateur est enseveli avec les personnages sous neuf étages d'immeuble de bureaux. Il n'y aura jamais que deux ou trois angles de vue d'ailleurs, comme pour nous identifier encore plus profondément aux personnages coincés sous les décombres. La vision de Martin le vigile, qui voit donc l'homme d'affaire Fernando et le point de vue de Fernando qui voit Martin. Et... c'est quasiment tout. Un axe très intimiste pour un film très catastrophe, c'est très destabilisant.
Ceux qui espèrent un film d'action héroïque sur fond de destruction de la ville seront déçus. Le film se concentre alors sur ce que peuvent bien faire ou penser les victimes lorsque, coincée sous des tonnes et des tonnes de fer, d'acier et de béton, elles attendent leur mort presque certaine. Loin d'annuler les relations hiérarchiques en place, la situation permet en revanche à Martin et Fernando qui appartiennent à deux mondes totalement différents de se parler. En effet le premier, sans famille et proche de la retraite, a travaillé pendant près de quarante ans comme veilleur de nuit, tandis que le second est jeune, ambitieux et bien placé dans l’échelle politique. Mais le destin les force à faire face à la mort ensemble. Toutes les émotions et les relations qui peuvent exister en temps normal sont retransmises assez exactement dans ce duo immobilisé et dans l'attente d'un improbable sauvetage.
Ce film sans être vraiment ultra percutant visuellement tente manifestement de dénoncer une corruption et un manque d'humanité lors d'attribution d'accord de constructions d'immeubles. Construits plus vite, pour moins cher, et donc moins sûrs, les neufs étages tombés sur Fernando ne sont qu'un juste retour des choses, mais pour les autres... les autres d'ailleurs sont matérialisés par des voix que l'ont entend faibles, paniquées, que l'on n'entend soudainement plus. L'ancrage de la caméra à un seul et unique endroit rend le film plus angoissant, laissant le spectateur développer, ou non, une légère claustrophobie.
En bref, c'est un film étrange. Pas inintéressant, mais étrange et parfois un peu long. Je reste un peu perplexe sur comment classer ce film et je ne le conseille pas à tout le monde. Son point de vue unique et son absence totale de musique en font une œuvre étrange.