[Cinéma] Le film de la semaine #23
Le film de la semaine
Pour cette nouvelle semaine, traversons l'Atlantique dans l'autre sens pour assister à une soirée tendue en Espagne... Mais trêve de bavardage, place au film de cette semaine, nous parlerons donc de ...
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7 años
Année : 2016 - Pays : Espagne - Durée : 76 mn - Réalisation : Roger Gual - scénario : Jose Cabeza, Cristian Conti, Julia Fontana, Roger Gual - Casting : Juana Acosta, Àlex Brendemühl, Paco León, Manuel Morón, Juan Pablo Raba
~ Bande annonce ~
Loyautés et cruautés se révèlent lors d'une soirée tendue où quatre partenaires en affaires doivent déterminer lequel va payer pour le crime qu'ils ont commis ensemble.
J'ai regardé ce film sans aucune attente, sans connaitre ni les créateurs, ni le casting, sans aucune autre raison que le fait qu'il soit passé sous ma souris d'ordinateur un jour où j'avais le temps. L'ensemble n'est pas un grand film, mais il joue sur un huis-clos hostile qui entraîne facilement le spectateur dans son cruel dilemme.
Nous nous trouvons donc en présence de quatre personnes, visiblement associées, sur leur lieu de travail. Sans présenter leur passé, ni même leur présent, le film commence avec l'arrivée d'un cinquième personnage qui se présente comme médiateur. Rapidement on comprend qu'en échange d'un contrat assez avantageux pour lui, il devra assurer une médiation particulièrement complexe. Cette médiation tant redoutée consiste à se mettre d'accord sur lequel des quatres associés ira en prison pour 7 ans, prenant sur lui seul le blâme des quatres. Il est suprenant au premier abord de constater qu'ils n'envisagent pas un simple tirage au sort, mais il faut avouer que le film en serait moins interessant. Selon les personnages, un tirage au sort ne peut pas être juste et il faut décider d'un commun accord qui se sacrifiera. On devine rapidement que chacun d'entre eux est plus convaincu de ses talents de manipulateur que de sa chance naturelle pour éviter la prison. Ce qui promet de belles scènes de négociation.
Et c'est promesse tenue !
Dans un unique décor, une unique pièce et avec seulement cinq personnages, le film explore le fond de l'âme humaine lorsque pour survivre il faut être capable de tout. Le début est peine un peu à se lancer à mes yeux, et se résume à de simple disputes/discussions autour de qui est réellement indispensable à l'entreprise. Et puis vient le temps où les personnalités profondes ressortent et distillent leur cruauté sans pitié. Le film en devient plus interessant, même si certains recours sont un peu attendus et somme toutes assez banals d'autres en revanche excellent dans la manipulation et la mauvaise foi. On perçoit à chaque instant, lorsqu'un personnage parle, le poids de ses mots et les regards des autres, avides de la moindre erreur de sa part... Ces regards qui en disent long sont une sorte de brume d'angoisse et d'insécurité qui plane partout, chacun ne pouvant compter que sur lui-même et devant en plus attaquer les autres sous peine de devenir la proie.
Le film n'a aucune visibilité sur l'extérieur, et même la lumière est artificielle, ce qui renforce cette impression de bulle. Comme coincés dans le temps, dans l'espace, seuls avec leurs doutes et leurs hésitations, sans communication possible avec l'exterieur. L'ambiance pesante est renforcée par cet environnement clos. Il est interessant de constater que sans avoir aucun détails sur qui ils sont en tant qu'individus, le spectateur developpe au fil du film un avis sur qui devrait se sacrifier et qui ne le "mérite" pas... ils ne sont pour nous que quatre inconnus, associés dans un crime comme dans l'entreprise qui l'un comme l'autre ne nous concernent aucunement. Leurs réflexions n'affectent pas que la médiation mais bel et bien le spectateur aussi, ce qui est une réussite du film.
En bref, un huis-clos interessant, des personnalités qui s'affrontent pour un enjeu qui sans être vital représente pour chacun d'entre eux 7 ans de leur vie future. Une exploration réussie de la cruauté et de l'individualisme humain qui s'exprime dans des situations qui semblent desésérées. La fin, même si j'avoue qu'elle pouvait difficilement être autre, ne m'a pas emballée, semblant un peu trop attendue, un peu trop facile presque. Mais terminer un film comme ça n'et pas simple et je pense malgré tout que c'est la fin qui convient même si elle clos le film sur une note de "mouais, je l'avais tellement vu venir ça"... ce qui est un peu dommage.