[Cinéma] Le film de la semaine #19
Le film de la semaine
Pour cette nouvelle semaine, comme j'ai pris un an de plus, je m'en vais seule dans la montagne. Seule ? Non, un petit village résiste encore et toujours à la mort... Mais trêve de bavardage, place au film de cette semaine, nous parlerons donc de...
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Dendera
Année : 2011 - Pays : Japon - Durée : 119mn - Réalisation et scénario: Daisuke Tengan - Casting : Ruriko Asaoka, Mitsuko Baisho, Mitsuko Kusabue
Dendera est basé sur une nouvelle de Yûya Satô
~ Bande annonce VO ~
Dans un village japonais, le 70e anniversaire des "anciens" est fêtédans la joie et la bonne humeur. Non je plaisante, ils sont portés jusque dans la montagne, où ils sont abandonné pour y mourir de froid, de faim et/ou bouffés par les oiseaux (Poke Alfred Hitchcock)
Mais quelques femmes survivent, et commencent alors à s'organiser en communauté dans cet environnement très hostile et nourrissant une violente rancune envers leur familles qui les ont abandonnées.
Dendera est un film que j'avais prévu de voir il y a de ça trèèèèèèèès longtemps. Pour des raisons obscures mais sûrement très légitimes, j'avais repoussé le visionnage jusqu'à aujourd'hui (enfin avant-hier pour être précise)(si vous me lisez aujourd'hui). Donc, Dendera est un film que j'avais sélectionné, attention les yeux, pour son scénario ! Et oui, ça arrive. Je ne sais plus pourquoi je l'avais lu, mais cette histoire de communauté de parias qui se forme pour survivre dans le froid, c'était du petit lait pour moi. Et je n'ai pas été déçue du tout par la film qui tient les promesses de son synopsis. Et puis, j'aime bien les films de neige et de froid quand il fait chaud.
Alors pour commencer, j'ai eu un peu peur que le film ne se penche un peu trop sur le coté *légèrement* odieux du fait d'expédier manu-militari les vieux crever en montagne et que ça en devienne un peu trop mélodramatique. Mais non, cela sert vraiment de base au film, de base à l'existence même de la communauté de vieilles femmes, et de base aussi à cette rage de vivre qui les anime. Et c'est tout, nous n'aurons aucune infos sur ces gens, qui n'ont pas de noms, pas vraiment de visages non plus, pas d'histoire, ce film ne leur est pas consacré. C'est l'histoire des vieilles femmes et de la montagne. Sur le fond, ce film n'est pas sans rappeler le livre Lord of the Fly (ou Sa majesté des mouches, parce que bon, jme la pète avec le titre anglais, mais en vrai, j'ai lu la traduction française) dans l'établissement de la société. La chef, celles qui la soutiennent, celles qui ne sont pas d'accord, tout ce petit monde ne peut malheureusement pas survivre seul et doit donc composer avec le reste. Mei, à la tête du groupe est pourtant, à mes yeux du moins, très légitime dans la mesure où c'est aussi la fondatrice du groupe et la première survivante de ces femmes que l'âge a rendues inutiles et qui sont jetées en pâture à la montagne.
Le flashback relatant ses souvenirs du début, montrant cette femme, alors seule et perdue dans l'immensité gelée de la montagne, refusant son destin avec une volonté de vivre absolument hors du commun est assez poignant. Refusant d'accueillir les hommes qu'elle juge responsables de cette loi cosmique immonde et de son destin funeste, elle ne sauve que les femmes, les soustrayant ainsi au paradis promis par les pontes du village lorsqu'ils les expédient en montagne. Mei, elle ne croit pas a ces promesses de paradis post-mortem et elle veut vivre. Simplement vivre.
On ne sait pas ce qu'il y a après la mort, alors je vais vivre comme je veux.
L'arrivée de Kayu, la dernière, met en évidence les tensions du groupe. Kayu, au départ n'est pas reconnaissante, en effet, en la sauvant, les autres l'ont empêchée d'accéder au paradis promis. Et il en va de même pour les amies qu'elle retrouve, elle considère qu'on les a également privées de leur mort. Kayu, élevée dans cette tradition depuis l'enfance, a complètement intégré ce fait et ne comprend pas l'envie de vivre des autres. Pour elle il est normal de se sacrifier pour la survie des jeunes. Le film va suivre l'évolution de son point de vue sur le sujet, et c'est assez intéressant.
Dendera est aussi le siège de la préparation d'un combat, d'une vengeance. Vengeance que Mei rumine depuis 30 ans, depuis qu'elle a été balancée dans la montagne. Désormais centenaire, elle entraine les autres au combat avec pour plan ultérieur de massacrer le village qui les a abandonnées. Ni plus ni moins. Tuer tous les hommes et ne garder que les femmes qui reconnaissent l'autorité de Dendera. Mais si une majorité des femmes sont pour cette opération, une petite minorité appelée très finement les "lâches" militent pour une fin de vie tranquille et paisible dans leur village secret. Cette divergence d'opinion très forte n'est pas du meilleur effet sur la cohésion du groupe... Il est intéressant de noter que si au départ nous voyons des vieilles femmes, dans la montagne, rapidement le fait d'être vieux ou femme n'est plus tellement important et l’intérêt se porte sur le groupe. L'environnement est tellement hostile que la différence entre jeune et vieux s'efface devant les éléments, tout le monde est faible et petit devant la nature. J'ai apprécié que ne soit pas mis en avant le caractère âgé des personnages, mais plutôt leur volonté de surpasser cela et de continuer leur vie. Un grand combat contre les éléments et contre elles-mêmes également.
Si la réalisation n'est pas mauvaise, je mettrais cependant un petit bémol sur celle de l'ours, et je pense que c'était pleinement conscient dans la mesure où on ne voit l'animal en entier que sur les scènes le nécessitant vraiment. Alors oui, vous allez me dire, trouver un ours acteur compétent quand on ne s'appelle pas J.J. Annaud c'est pas tous les jours fastoche et puis ce n'est pas super pratique sur un tournage, un ours. Donc bon, ce n'est pas un ours pas crédible qui va me gâcher un film...
En bref, c'est une bien belle histoire de survie, qui nous explique que tromper la mort et les éléments n'est pas toujours suffisant pour construire une véritable société. Nous sommes des êtres complexes...