[Cinéma] Le film de la semaine #13

Publié le par Yuuki

Le film de la semaine

Pour cette nouvelle semaine, ce qui semblait n'être qu'une comédie grincante et décalée est en fait accompagnée une bonne dose de malaise. Mais trêve de bavardage, place au film de cette semaine, nous parlerons donc de....

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Il est de retour

Année : 2015 - Pays : Allemagne - Durée : 116 mn - Réalisation : David Wnendt - Scénario : Mizzi Meyer, David Wnendt - Casting : Oliver Masucci, Fabian Busch, Christoph Maria Herbst, Katja Riemann, Franziska Wulf

Er ist wieder da (Il est de retour), est une adaptation du roman du même titre écrit par Timur Vermes.

~ Bande annonce ~
~ Disponibilité : Netflix ~

Il est revenu ? Mais qui ça, "IL"...?
Adolf Hitler se réveille dans un parc à Berlin en 2014. Dans un premier temps destabilisé par la démocratie, il décide rapidement de remettre le pays sur le "droit chemin". A n'en pas douter, cette entreprise est vouée à l'échec, de nos jours dans notre monde moderne... à moins que... peut être...

Alors pour commencer, je ne suis pas tombée "par hasard" sur ce film. J'ai commencé par taper "Film suisse" dans la recherche Netflix et devant le résultat (un film d'horreur qui ne m'a pas trop tentée) j'ai enlevé Suisse et mis Allemagne à la place. Ensuite, le pitch m'a appelée... le voyage dans le temps, le type inadapté au monde moderne avec en prime le coté super décalé d'avoir fait voyager le fürer vers notre époque, tout cela a titillé ma curiosité. Bon je ne suis pas de la génération qui a été traumatisée, mais je n'irais pas jusqu'à montrer ce film à ma mamie (sauf si je voulais m'en débarasser en attaquant son petit coeur, mais ce n'est pas le cas du tout) Je pense même que je ne lui parlerais JAMAIS de l'existence de ce film, mais ce n'est pas le sujet. Enfin un peu quand même, si vous vous sentez un peu fragile sur ce thème, je vous conseille de peut être ne pas lire cette critique et d'oublier le film.

A la place, pour que vous ne partiez pas sans rien, regardez Daesung en pyjama.

 

Vous êtes restés ? Parfait, parlons alors.

Le film est mis en scène de manière un peu bizarre, alternant des scènes scénarisées et des séquences de caméra cachées tournées lors de déambulations du comédien déguisé en Hitler. Sur le fond, c'était super osé de toucher à un sujet aussi sensible et il faut vraiment prendre les choses au second degré. Les premières minutes du film sont d'ailleurs très drôles, avec l'apparition du führer dans un buisson et ses premiers pas dans notre monde moderne. Entre l'apparente "non-surprise" des passants qui le prennent pour un comique et les selfies avec les touristes, le personnage semble fragile et perdu, mais ne perd pas le nord. Le kiosque à journaux sera sa première mine d'informations... Les blagues bien placées sont amusantes et le film est encore à ce stade une comédie (un peu osée certes)

"hier je déplaçais encore la 12e armée et aujourd'hui je bouge un présentoir à journaux..."

Et puis, un type viré de sa chaine de télé sent un filon avec cet homme jouant Hitler à la perfection (et pour cause). Et la force du film c'est de faire de ce Hitler un élément médiatique comique, oui il fait rire, il faire vendre, la machine est en route et le peuple le suit, croyant à un acteur un peu fantasque mais différent.

Le peuple s'amuse d'Hitler, prend des photos, rigole avec le salut nazi et le malaise s'installe... Les propos du führer même s'ils ne sont pas pris au sérieux, sont clairs et tels qu'il étaient à l'époque. Ses ambitions n'ont pas changé : prendre le pouvoir et dominer le monde. Et il dispose en 2014 de beaucoup plus d'outils de propagande ce qui nous le rend plus angoissant.

Et le message du film passe avec le même malaise qu'au départ, les idées de l'homme sont suivies, chacun pensant qu'un comique n'est pas dangereux car les autres rient. Le coté comédie est également un sacré tacle au spectateur qui peut se surprendre à compatir pour Hitler devant son manque d'adaptation au monde moderne. Et cette compassion qu'on ressent au début fait grincer des dents rapidement. Cette compassion est en effet très simple à avoir, là où on pensait que c'était "les autres", "les gens" qui se faisaient avoir par le pseudo-comique aux idées dangereuses. Un échange avec un présentateur télé est d'ailleurs très parlant, alors qu'on l'interroge sur comment il est perçu par les gens, et si il assume le coté comique qu'on lui colle, il répond avec assurance qu'il veut qu'on l'écoute.

"On ne peut pas toucher quelqu'un qui n'écoute pas.
Alors je suis prêt à jouer au clown pour qu'on m'écoute."

Le film est une critique d'une société qui accorde beaucoup d'importance à ses média, même si parfois il manque de subtilité. La fin par exemple m'a semblé parfaite et puissante, dans une image malaisante au possible mais parfaitement crédible et, dans un élan de zèle le film m'explique, images à l'appui ce que je devais comprendre et... j'ai trouvé ça un peu lourd.
Mais là où se situe le coeur du film, c'est dans la confrontation entre le peuple allemand et le personnage d'Hitler. Personnage tellement ancré dans l'histoire que sa présence n'est pas un frein pour le peuple, ces gens qui veulent parler de leurs problèmes, insurmontables pour eux. Et si quelqu'un les écoute, ils vont facilement le suivre, comme le montre les séquences non scénarisées du film. C'est réussi pour le film, le message passe mais dans un très très gros malaise quand même...

 

 

En bref, entre réalisme et fiction, le film oscille et tangue, le spectateur est balotté entre dégoût et détente. Le film est à la fois amusant et effrayant, malgré la fin qui aurait pu selon moi être plus legère, il est assez remarquable dans le sujet abordé et dans la manière de le faire. A voir si le thème vous interesse, un peu trop malaisant si vous cherchez simpement une comédie pour vous détendre.

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